L'insuffisance cardiaque

L’insuffisance cardiaque est l’incapacité du cœur à pomper suffisamment de sang pour oxygéner correctement l’ensemble des organes du corps, ce qui se traduit principalement par de la fatigue et un essoufflement rapide à l’effort. Sa prise en charge repose sur les soins de la maladie qui en est la cause, des mesures d'hygiène de vie et la prescription d'un ensemble de médicaments destinés à soutenir le muscle cardiaque. Ce traitement doit être mis en place le plus précocement possible et être suivi scrupuleusement tout au long de la vie.
En France, on estime que l’insuffisance cardiaque toucherait 2,3% de la population française adulte et 10% des personnes de plus de 70 ans, soit plus d’un million de personnes. Elle est responsable de 150 000 hospitalisations et 32 000 décès tous les ans.

Les causes ?

L’insuffisance cardiaque est généralement une complication à long terme d’une pathologie cardiaque. Différentes pathologies peuvent en être la cause. Les causes les plus fréquentes sont une hypertension artérielle négligée pendant des années et la maladie coronarienne en particulier l’infarctus du myocarde (on parle de cardiopathie ischémique). 
Plus rarement, l’insuffisance cardiaque peut être secondaire à une valvulopathie, un abus d’alcool ou de stupéfiants, une maladie ou inflammation du myocarde, une cardiopathie congénitale, les conséquence d’une pathologie respiratoire chronique...

Insuffisance cardiaque systolique ou diastolique ?

Bien qu’elles entraînent les mêmes symptômes, on distingue deux types d’insuffisance cardiaque :

L’insuffisance cardiaque systolique lorsque la fonction ventriculaire est altérée. On parle de dysfonction ventriculaire lorsque la fraction d’éjection ventriculaire gauche est inférieure à 50%. Dans la majorité des cas l’origine est « ischémique » (liée à une atteinte des artères coronaires). Lorsqu’il n’y a pas d’atteinte des artères coronaires, il s’agit d’un affaiblissement primitif du muscle cardiaque pour lequel on ne trouve pas d’explication dans 90% des cas, on parlera alors d’une cardiomyopathie dilatée idiopathique.

L’insuffisance cardiaque diastolique lorsque la fonction ventriculaire gauche est conservée. La fraction d’éjection ventriculaire gauche est supérieur à 50%. L’insuffisance cardiaque est liée à un défaut de remplissage du ventricule gauche qui est « trop rigide ». La première cause est l’hypertension artérielle ancienne non ou mal traitée qui aboutit à la longue à un épaississement du muscle cardiaque.  

Quels symptômes ?

Les symptômes de l’insuffisance cardiaque peuvent être plus ou moins sévères. 

  • Les premiers signes sont généralement une fatigue et un essoufflement pour des efforts importants, puis modérés parfois associé à une toux ou une intolérance à l’effort.
  • Dans les formes plus avancées, les patients peuvent ressentir un essoufflement au repos et aucun effort n’est possible. Il existe souvent parallèlement une prise de poids.
  • Dans les formes sévères apparaissent des gonflements des jambes (œdèmes), de l’eau dans les poumons (œdème pulmonaire) ou le ventre (ascite).

Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque aiguë ?

On parle d’insuffisance cardiaque aiguë lorsque brutalement le muscle cardiaque n’assure plus sa fonction de pompe. Cliniquement elle s’exprime sous la forme d’une détresse respiratoire aiguë : c’est l’œdème aigu pulmonaire (OAP). En quelques minutes le patient a de grande difficulté à respirer. Cette situation d’urgence nécessite l’intervention du SAMU et une hospitalisation.
Elle peut être secondaire a une pathologie aiguë (par exemple l’infarctus du myocarde) ou au contraire révélée une pathologie cardiaque non connue jusque-là. Enfin elle peut survenir dans l’évolution d’une insuffisance cardiaque connue, et ce malgré un traitement et des règles bien suivis.

Comment fait-on le diagnostic ?

Le diagnostic de l’insuffisance cardiaque est évoqué sur les symptômes décrits pas le patient. Seuls un examen clinique complet couplé à l’électrocardiogramme et à l’échographie cardiaque permettront d’en affirmer le diagnostic. Souvent votre cardiologue vous proposera de réaliser des examens complémentaires afin de préciser l’origine de votre insuffisance cardiaque : coronarographie, IRM myocardique, analyse de sang…

Quel traitement ?

Le traitement de l’insuffisance cardiaque repose sur l’utilisation de médicaments. Différentes classes de médicaments sont associées, au début à faible dose que l’on augmente progressivement. Le traitement ralentit la progression de la maladie et réduit le risque d’aggravation brutale qui peut mettre la vie en danger et nécessiter alors une hospitalisation d’urgence. Il est très important de prendre quotidiennement tous les médicaments prescrits par votre cardiologue en respectant scrupuleusement l’ordonnance. 

Le traitement de l’insuffisance cardiaque repose sur :

  • le traitement médical : plusieurs classes thérapeutiques seront prescrites selon la sévérité de la maladie. Le plus souvent une association de 2 à 3 classes de médicament sera nécessaire. Le traitement permet :
    • de réduire voire de faire disparaître les symptômes de l’insuffisance cardiaque et d’améliorer la qualité de vie (essentiellement les diurétiques : Furosémide, Spironolactone, Eplérénone..) 
    • d’améliorer la fonction pompe du muscle cardiaque et freiner la progression de la maladie : les bétabloquants (bisoprolol, métoprolol…), les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (Ramipril, périndopril, captopril…), les inhibiteurs du système rénine-angiotensine (Valsartan, Candesartan…), et plus récemment l’association Valsartan-Sacubitril.
  • les conseils d’hygiène de vie : Quelle que soit la cause de l’insuffisance cardiaque les mesures d’hygiène de vie vont permettre de soulager le travail du cœur et de prévenir le risque de décompensation de la maladie. 
    • lutte contre le surpoids et l’obésité.
    • diminution de la consommation de sel (moins de 4 à 6 g par jour), d’aliments gras, de viandes rouges et de boissons alcoolisées.
    • diminution de la quantité de liquide bu chaque jour (pour éviter la rétention d’eau), en général autour de 1 à 2 litres, uniquement chez les patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque sévère.
    • activité physique adaptée régulière (natation, marche, vélo d’appartement, sous contrôle médical).
    • arrêt du tabac, contrôle du stress.
  • dans certaine forme évoluée de la maladie un traitement par stimulation cardiaque peut être proposé : c’est la resynchronisation cardiaque par l’implantation d’un stimulateur triple chambre. Celui- ci peut être ou non associé à une fonction défibrillateur.

Enfin, la vaccination contre la grippe (tous les ans) et les pneumocoques (tous les 5 ans) est recommandée.

Quel suivi ?

Les patients porteurs d’une insuffisance cardiaque nécessitent un suivi auprès d’un cardiologue. Passée la phase diagnostique, le suivi permettra :

  • de surveiller l’évolution de la maladie : par l’examen clinique mais aussi l’échographie cardiaque.
  • de s’assurer de la bonne observance du traitement et discuter des éventuels effets indésirables et modifications thérapeutiques à apporter.
  • de renouveler les précautions à prendre au quotidien et l’importance du régime alimentaire. Insister sur l’importance de la surveillance du poids.

La fréquence du suivi dépendra de la sévérité de l’insuffisance cardiaque, de son évolution et de son étiologie. Elle pourra être variable dans le temps.

Comment être acteur de ma prise en charge ?

La prise en charge de l’insuffisance cardiaque est nettement améliorée lorsque le patient est impliqué dans l’équilibre de son traitement et la surveillance de sa pathologie : mesures d’hygiène de vie, adaptation du lieu de vie ou du poste de travail, compréhension et bonne prise du traitement médicamenteux, mais aussi mesures d’autosurveillance (pour dépister une aggravation le plus tôt possible) :

  • Se peser au moins deux fois par semaine (pour surveiller une éventuelle rétention d’eau, toute prise de poids soudaine de plus de 1,5 kg devant amener à consulter) 
  • Identifier rapidement des signes d’œdème (gonflement) des jambes ;
  • Repérer une aggravation de la fatigue ou de l’essoufflement ;
  • Repérer d’autres signes d’une éventuelle aggravation comme les palpitations, les crampes musculaires, les vomissements, la diarrhée, etc